Florence se découvre par couches successives. Dans les cloîtres de Santa Maria Novella ou de San Marco, l’ombre domine. Les arcades projettent des arcs géométriques au sol, les cyprès guident le regard vers les fresques qui s’écaillent délicatement. Chaque pas résonne sur les dalles, invitant au recueillement. La photographie s’attarde sur ces parenthèses de silence où les pigments séculaires gardent intacte une douceur pastel.
En pénétrant dans les chapelles latérales, la sensation change. Les dorures captent la moindre lueur, les marbres polychromes jouent avec les reflets des bougies. La coupole de Santa Maria del Fiore devient une boussole visuelle : entre les rayons qui filtrent par les ouvertures et les zones plongeant dans la pénombre, la caméra suit un mouvement circulaire. Les sculptures de la sacristie approfondissent ce dialogue entre pierre et lumière naturelle.
Florence est aussi une ville de bibliothèques invisibles : les archives photographiées conservent des planches contact, des carnets d’atelier, des esquisses au fusain. Les salles de consultation, éclairées par de larges fenêtres, laissent voir des lecteurs penchés sur des ouvrages introuvables ailleurs. Les étagères immaculées contrastent avec les reliures patinées, offrant un terrain de jeu pour l’objectif.
Au fil des jours, on saisit l’alignement subtil entre la rigueur de la Renaissance et la vibration du présent. Les façades de pietra serena dialoguent avec les vitrines contemporaines des artisans, les clochers se reflètent dans l’Arno. La série met en évidence ces correspondances, pointant tour à tour des détails de fresque, une main sculptée, l’éclat d’un vitrail rénové.
Florence rappelle que la contemplation n’est pas figée : elle demande des allers-retours, des points de vue multiples. Les images réalisées pour cette série restituent cette expérience itinérante, où chaque couloir et chaque cour intérieure réservent un équilibre unique entre spiritualité et mise en scène esthétique.
« Le travail présenté ici s’inscrit dans un projet au long cours traversant plusieurs villes et années d’observation. Chaque image est une rencontre entre l’architecture urbaine et la présence humaine. »— Zenati
À mesure que la technologie digitale se développe, elle ouvre de nouveaux territoires d’expression artistique. L’enjeu est d’articuler cette innovation avec des principes esthétiques intemporels, afin que la technique amplifie le propos plutôt que de s’y substituer.
Cette recherche d’équilibre permet d’allier spontanéité et précision, et de saisir des situations qui auraient pu disparaître en une fraction de seconde. Le médium numérique offre des outils de sauvegarde, de mise en scène et de diffusion qui prolongent le geste créatif.
La véritable difficulté n’est pas technologique : elle réside dans la capacité à préserver la dimension humaine, celle qui confère aux images leur résonance émotionnelle. Les outils évoluent, mais la volonté de dialoguer par le regard demeure.