À Pise, la Piazza dei Miracoli est un terrain d’étude à ciel ouvert. La cathédrale, le baptistère et le campanile composent un ensemble où les blancs du marbre se déclinent à l’infini. Aux premières lueurs, les façades prennent une teinte rosée, puis les ombres soulignent les modules géométriques. Le baptistère amplifie les sons : chaque pas projette une résonance, chaque mot prononcé se transforme en écho circulaire.
À l’intérieur de la cathédrale, la pulpitre de Pisano, les mosaïques byzantines et les incrustations d’onyx forment un langage visuel singulier. Les photographies s’attardent sur la rencontre entre ces matières nobles et la lumière descendante filtrant par les meurtrières. Pas de mise en scène spectaculaire, mais une attention minutieuse à la façon dont les surfaces réfléchissent ou absorbent les rayons.
Le Museo delle Sinopie constitue une halte essentielle. Les dessins préparatoires des fresques, habituellement cachés, se déploient sur des panneaux monumentaux. Les traits ocre rouge révèlent la main des ateliers médiévaux ; on y devine des corrections, des repentirs, une pensée en train de se construire. Les images capturent ces nerfs du dessin, témoignant d’une histoire sous-jacente souvent invisible.
Autour du site monumental, Pise réserve des perspectives plus intimes. Les ruelles, les places étudiantes et les façades patinées fournissent un contrechamp vivant. Faux aplats de couleurs, volets bleus, linge suspendu : autant de motifs complémentaires aux grandes structures religieuses.
Cette série vise à montrer comment la matière peut être sacrée sans grandiloquence. Les marbres veillent, les dessins respirent encore, et la lumière maritime instille une douceur particulière. Pise offre un ensemble cohérent où chaque élément, du cloître au pavement, dialogue avec les autres. La photographie en souligne les liens, invitant à une contemplation patiente.
« Le travail présenté ici s’inscrit dans un projet au long cours traversant plusieurs villes et années d’observation. Chaque image est une rencontre entre l’architecture urbaine et la présence humaine. »— Zenati
À mesure que la technologie digitale se développe, elle ouvre de nouveaux territoires d’expression artistique. L’enjeu est d’articuler cette innovation avec des principes esthétiques intemporels, afin que la technique amplifie le propos plutôt que de s’y substituer.
Cette recherche d’équilibre permet d’allier spontanéité et précision, et de saisir des situations qui auraient pu disparaître en une fraction de seconde. Le médium numérique offre des outils de sauvegarde, de mise en scène et de diffusion qui prolongent le geste créatif.
La véritable difficulté n’est pas technologique : elle réside dans la capacité à préserver la dimension humaine, celle qui confère aux images leur résonance émotionnelle. Les outils évoluent, mais la volonté de dialoguer par le regard demeure.